Lauzier – intégrale

Dans les pages de ‘Pilote’ arriva un jour un auteur singulier. Détonnant dans cet univers de barbus hirsutes, l’homme, élégant, croquait des cadres dépressifs, des intellectuels de gauche suffisants, des révolutionnaires pathétiques, des bourgeois satisfaits et des femmes… sublimes – seuls océans de lucidité dans un monde absurde. Lauzier avait quarante ans d’avance. Aujourd’hui d’une actualité brûlante, la lecture de ses quatre albums – « La Course du rat », « La Tête dans le sac », « Souvenir d’un jeune homme » et « Portrait de l’artiste », outre les fous rires nerveux, est une thérapie contre la connerie contemporaine. Trois d’entre eux, adaptés au cinéma avec Christian Clavier et Guy Marchand, sont devenus des classiques des années 1970.


La Providence

Après avoir parcouru les routes de France pendant quelques temps, Jean-Baptiste Poulain se permet une petite « pause » parisienne, pendant laquelle il se fait inviter dans quelques salons à la mode, où sa réputation un brin sulfureuse n’est pas pour déplaire. Là, une comtesse espagnole l’invite à la suivre dans son pays. Heureux de cette aubaine le changeant un peu de ses préoccupations souvent morbides, Jean-Baptiste accepte. Il se retrouve donc à bord d’un navire en partance pour l’Espagne, l’esprit rempli de jolies promesses d’avenir, d’autant que la comtesse ne lui déplait pas ! Mais ce sera sans compter sur la fatalité, souvent impitoyable avec le « marquis des âmes en peine ». Leur bateau croisera en effet la route d’un navire fantôme, un esquif dont les passagers ont mystérieusement disparu, et qui semble sous le coup d’une effroyable malédiction. Peu à peu, la peur va s’installer sur le bateau de notre héros, alors que des incidents troublants ont lieu. L’équipage est maintenant persuadé que le Diable lui-même est à bord. Jean-Baptiste va donc se trouver face à l’un des dilemmes les plus cruels de sa jeune vie : doivent-ils ou non rentrer à Bordeaux, au risque de ramener ce mal sur le continent et de provoquer une épidémie digne de la peste noire ? Ou doivent-ils rester en pleine mer, au risque d’être alors tous condamnés ?


Fun Island

« Fun Island » est la 4e aventure en BD de Parker, le gangster sans états d’âme imaginé par Richard Stark, alias Donald Westlake, le maître du roman noir états-unien ; l’adaptation est signée par un autre grand nom : Darwin Cooke, star du comics. Avoir un accident quand on quitte un coup en catastrophe, c’est grave. Mais pour Parker, gangster impitoyable, aujourd’hui, c’est pire : il n’a d’autre alternative que de se réfugier, avec le butin, dans un parc d’attractions vide situé sur une île. À ses trousses, des flics pourris qui n’ont pas d’autre intention que de s’emparer de l’argent et de se débarrasser de lui. Dommage que ce parc d’attractions soit fermé pour l’hiver : le spectacle à venir promet d’être grandiose. Et sanglant. « Fun Island » est le 4e polar mettant en scène Parker, gangster sans états d’âmes, signé Westlake et adapté par Cooke : un pitch imparable, une histoire extraordinaire et un plus en fin d’ouvrage : l’adaptation de « Le Septième ».


Vigiprimate

Menace terroriste, prises d’otages, attentats, islamophobie et bonne conscience humanitaire sur fond de tourisme de masse… Autant de sujets brûlants traités avec humour devant lesquels « Silex and the City » ne recule pas avec ce 5e tome ! Dans la vallée, on célèbre l’anniversaire de l’attentat du 11 septembre–40001 contre le World Bipède Center. Devant la menace terroriste, un plan Vigiprimate orange est déclenché. Scandalisé par les expulsions, Url s’engage aux côtés de Mammifères sans frontières, tandis que les parents Dotcom partent en vacances à Bab-el-Bipède, où les prix ont chuté. Catastrophe ! Url est pris en otage au Maghreb paléolithique. La famille Dotcom va de nouveau faire bloc pour obtenir sa libération. 5e volet de « Silex and the City », une série qui traite avec audace et humour les grands débats de notre société contemporaine : tourisme de masse, menace terroriste, etc. !


Tous au bain !

Tant qu’il s’agit de s’amuser, les doudous d’Ana Ana sont toujours partants. Mais dès qu’ils doivent se laver, il n’y a plus personne !
Elle a beau ruser, tempêter et s’entêter, rien n’y fait : pour eux, « baignoire » rime avec « repoussoir » ! Et si Touffe de poils se décide finalement à prendre un bain, c’est parce que « quelque chose » se balade sur son ventre et grimpe sur sa tête. Ce « quelque chose », c’est tout simplement un doudou inconnu, tout petit et tout timide…


Miss Pas touche – Intégrale complète

Enfin les 4 tomes de la série « Miss Pas Touche » réunis en intégrale ! Pour l’occasion, Hubert et les Kerascoët nous offrent une couverture inédite, un cahier graphique de 24 pages présentant de nombreux croquis pour des recherches de personnages ou des couvertures, une mise en couleurs retravaillée.


Long John Silver intégrale complète

Les 4 tomes de « Long John Silver » pour la première fois réunis en intégrale. Attention tirage limité ! Réalisé par Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, Long John Silver est inspiré du fameux et redoutable pirate créé par Stevenson dans « L’Île au trésor ». En quatre albums, la série s’est installée comme un grand classique qui illustre à merveille la grande aventure. Cette édition intégrale, complétée d’un cahier graphique et enrichie d’une couverture inédite, aura un tirage limité : il n’y en aura pas pour tout le monde !


Opération Opium

En réaction aux attentats du 11 septembre, l’armée française décide d’envoyer des troupes en Afghanistan. Pendant une des missions de reconnaissance, le mirage de Tanguy disparaît. Commence alors un incroyable suspense qui enverra certains pilotes au coeur de la république iranienne. Dessiné par Renaud Garreta (« Fox One », » Insiders », « Histoires du Vendée Globe » et T »homas Coville »), et toujours scénarisé par Jean-Claude Laidin, le nouveau « Tanguy et Laverdure » est un sommet de la bande dessinée d’aventure.


La Bête

Implacablement, elle décime village après village, assassinant sauvagement des familles innocentes, brouillant les pistes et terrifiant la population des Alpes de ses rugissements. Le problème devient si préoccupant que le Roi a dû dépêcher une force appropriée : qui, mieux que ses « dragons » pourraient régler le cas de « la Bête » ? Et si la force brute ne suffit pas, le corps d’armée dispose d’un autre atout : le cousin de leur chef, le célèbre Marquis d’Anaon ! Il n’est peut-être pas la plus fine des gâchettes mais on raconte qu’il a souvent croisé la route du Malin. Plongé en pleine dépression, Le Marquis d’Anaon devra affronter plus d’un démon avant de continuer une route qu’on lui souhaite longue. En effet, il est assez rare d’assister à une telle conjonction de talents : le scénario de Fabien Vehlmann mêle habilement intensité dramatique, humanisme et justesse psychologique. Parfait pendant de cette finesse, Matthieu Bonhomme manie plume et pinceau avec une souplesse et une précision hors du commun, aussi à son aise dans les replis ridés du visage d’un vieux paysan que dans les immenses étendues enneigées des Alpes.


La Couleur de l’enfer

Richard emménage chez Lapinot, tandis que Lapinot cherche un appartement pour emménager avec Nadia. En attendant, la vie à trois est plutôt stressante. Heureusement, ça s’arrange assez vite. S’étant porté volontaire pour nourrir la bestiole du voisin – on ne sait pas si c’est un chien ou un chat, ça vit planqué et ça s’appelle Dark Vador –, Richard découvre que la bestiole est une sorte d’animal domestique « pour extraterrestre », rose avec des croûtes. (Trondheim ayant un sens aigu du cadrage dramatique, la rencontre avec l’animal est un morceau d’anthologie.) Donc le voisin est sûrement un extraterrestre, ce qui pousse Richard à redéménager. Côté boulot, Nadia a embauché Lapinot comme assistant-larbin pour ses reportages sur les excentriques. Ils ont de la matière : entre le type qui n’a pas enlevé sa casquette depuis 23 ans, les musiciens qui jouent avec leurs pieds et l’association Turquoise qui peinturlure les crottes de chiens à la bombe, les chtarbés sont nombreux et distrayants. Reste le vrai problème : si Nadia emménage avec Lapinot, ils seront ensemble 24 heures sur 24 et ça risque de saturer. Car d’après Titi, la couleur de l’enfer, c’est pas le rouge feu, c’est le gris uniforme. Toujours délicatement loufoque dans le choix de ses aventures, Trondheim reste imbattable sur les nuisances de la vie quotidienne et les états d’âme de tout un chacun. Le graphisme est jubilatoire dans les moindres détails, le ton est subtil, drôle, un rien désenchanté. Cet album devrait ravir tous ceux qui ont des copains plus ou moins pénibles (mais c’est les copains), qui cherchent un appartement sans fiche de paye, ou qui se demandent si l’enfer, c’est rouge ou gris. Ça fait du monde.